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Forêts publiques de l’Estrie

Unité d’aménagement (UA)051-51 : richesse collective, enjeux partagés

L’Estrie est une région forestière, son territoire comme son économie.  Mais, à l’évidence, cette qualité ne fait guère la manchette.  Considérée « belle nature » par les visiteurs ou « vaste espace attractif de divertissements » par les chroniqueurs touristiques, les forêts estriennes, les privées comme les publiques, première référence paysagère de la région, sont à l’origine d’une industrie florissante des produits du bois.  Et, le sait-on, elles contribuent pour une large part à l’équilibre environnemental et au bien-être collectif.    

Des chiffres et de multiples usagers

Les forêts estriennes, ce sont 810 000 ha de forêts feuillues, mixtes et résineuses (1% du couvert forestier du Québec toutes catégories confondues).  Privées à 91% (730 000 ha), elles appartiennent à 9 200 propriétaires qui, à chacun ses raisons, interdisent ou limitent l’accès public à leur domaine forestier. 

Pour les 9% restant : 80 000 ha, un propriétaire : l’État.  Vu l’accessibilité relative des forêts privées, les territoires forestiers publics sont très sollicités.  Entreprises forestières, acériculteurs, chasseurs, trappeurs, randonneurs, environnementalistes en tout genre, municipalités et… la Sépaq se partagent un territoire fragmenté inégalement réparti surtout dans la partie est de la région. 

Ce pactole forestier public est distribué entre : la Sépaq (parc Orford, parc du mont Mégantic, parc Frontenac), deux réserves écologiques (Samuel-Brisson et Mont-Gosford), une entente de délégation de gestion forestière gérée par la municipalité de Woburn pour la forêt Gosford, la ZEC Louise-Gosford, la ZEC Saint-Romain, des acériculteurs en location (plus de 1 200 000 entailles) et les parcs régionaux du Mont-Ham (MRC des Sources) et du Marécage des Scots (MRC du Haut-Saint-François).  Superficies disponibles à l’aménagement forestier et à la récolte de produits ligneux : autour de 40 000 ha en bonne partie dans la MRC du Granit (80%), surtout en zone frontalière, et quelques étendues dans les MRC voisines (MRC Haut-Saint-François 17%; MRC des Sources 3%).  À noter que la partie Louise (ZEC Louise-Gosford), la ZEC Saint-Romain et les deux parcs régionaux sont sujets à la récolte de bois par les bénéficiaires de garanties d’approvisionnements (BGA).

Possibilité forestière

Sur les parties sujettes à la récolte, selon l’évaluation du Forestier en chef du Québec, la possibilité forestière annuelle oscille autour de 61 000 m3 pour une récolte moyenne sur trois ans (2014-2017) de 45 000 m3s (74%), soit quelque 1 200 camions-remorques (53’).  On y prélève par travaux mécanisés (multi et porteur) du tremble et du peuplier, de l’érable à sucre et de l’érable rouge, du bouleau jaune, du sapin, de l’épinette blanche et de l’épinette rouge et quelques essences moins dominantes, mais qui présentent un potentiel de commercialisation.  Les prix sont fixés par le Bureau de mise en marché des bois (BMMB), un organisme gouvernemental.  Et près de 700 km de chemins à l’entretien irrégulier sillonnent ce territoire en permanence ouvert à tous, sauf dans les zones « zecquées ».

Gestion en concertation

Évidemment ce « petit patrimoine forestier public » du sud du Québec de 40 000 ha (0,0014%), comparativement à l’ensemble du territoire forestier public québécois – 27 819 900 ha (2019) – considéré dans le « calcul de la possibilité forestière » selon la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier (Nouveau régime forestier 2013), subit les pressions de multiples « demandeurs » et usagers qui ne partagent pas nécessairement, a priori, la même vision concertée.  De là, l’importance stratégique de la Table de gestion intégrée des ressources et du territoire (TGIRT) qui coordonne et gère, dans le meilleur intérêt des utilisateurs du territoire public, et surtout dans une optique de durabilité écosystémique, les visées de tout un chacun groupes et entreprises manifestant des prétentions d’usage de cette forêt publique certes très petite en superficie, mais riche de potentiels.

La forêt publique québécoise compte 59 unités d’aménagement (UA) réparties entre 34 TGIRT. Certaines tables gèrent donc plus d’une UA.  Pour l’Estrie, l’UA 051-51, circonscrite au sud-est du Québec, passablement fragmentée et aux ressources et potentiels très sollicités par des usagers aussi nombreux que variés, la capacité de gestion de la Table est bien remplie et… assumée.  Et les « vigilances écologiques citoyennes » étant particulièrement actives, les enjeux environnementaux sont continuellement à l’ordre du jour.

Mais au-delà de la stricte récolte de bois, l’ensemble des usages, selon la Loi, doit être coordonné par une table régionale mettant à contribution les porte-parole des principaux utilisateurs interpellés par la vocation de ce territoire.  Le MFFP y participe d’office.  La concertation s’impose et chaque représentant doit apprendre à partager le territoire en fonction des valeurs adoptées par l’ensemble.  Foresterie durable, faune, activités de plein air, biodiversité, régime hydrique, paysages, accessibilité, droits ancestraux des premières nations sont autant de valeurs qui doivent animer la Table en fonction de la durabilité des écosystèmes de la « petite » UA051-51 et de son apport significatif aux dimensions économiques, sociales, culturelles et environnementales de l’Estrie.

JP Gendron, prés. TGIRT Estrie

Mars 2020

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